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Madame de Sade

de Yukio Mishima

Mise en scène : Sophie Lucachevsky

 

avec François Berléand, Bertrand Bonvoisin, Yann Collette, Grégoire Oestermann, Hubert Saint-Macary, Didier Sandre.

 

 


Lorsqu'elle fut jouée à Tokyo, voilà vingt ans, la pièce de Mishima, les aigrettes, les dentelles et les robes à panier contribuèrent au succès de la représentation, en donnant au public japonais le sentiment de l'exotisme. Sur les bords de la Seine, c'est un sentiment de familiarité, nuancé de nostalgie, qu'éveillera peut-être le rebond des répliques : comme au clavecin, chaque phrase s'articule avec une délicieuse précision où nous reconnaissons le meilleur de nos formes classiques. Cette pièce française, née par hasard sous d'autres cieux, ne trouve-t-elle pas sa véritable patrie en se réintégrant à la langue de Racine et de Marivaux ?  Mishima se plaisait aux exploits. On peut mesurer sa maitrise à la perfection du pastiche. Les Japonais, dit-on, s'ingénient à imiter : oui, comme nos Renaissants, comme nos Classiques. N'est-ce pas, par un détour dialectique, la plus parfaite leçon de devenir soi-même ? Cet écrivain qui a poussé jusqu'à la mort l'attachement aux traditions de son pays, choisit ici un modèle étranger, et reproduit les traits essentiels du Théâtre occidental, en donnant à son oeuvre l'allure déliée d'une performance de virtuose. Mais sous ces formes d'emprunt, c'est le secret de son âme qu'il élabore... Douce, tendre et fidèle, Renée de Sade, vous eûtes votre part dans le geste farouche du guerrier qui s'éventra.

Maurice Pinguet - 1986