"Les
Egoïstes" (Le Chemin Solitaire), quelques années avant
"Terre Etrangère", marque un tournant dans l'oeuvre de
Schnitzler. Plus de joie ni à vivre, ni à aimer, ni à tromper comme
dans "Anatol", "Libelei" ou "La Ronde".
Les héros de Schnitzler ont vieilli: Stephen von Sala, aristocrate
distingué, clairvoyant et sarcastique a écrit il y a dix ans un drame
en vers. Depuis, profondément convaincu de la nullité de la vie, il
s'est plongé dans l'étude des cultures anciennes. Julian Fichter, par
contre, a cherché dans la vie "l'ivresse de la tendresse et de la
passion". Il a sacrifié un avenir prometteur à ses innombrables
histoires d'amour.
"Les Célibataires" puis "Les Egoistes", ce sont les
deux titres auxquels a d'abord pensé Schnitzler pour la pièce: les
hommes y sont conquérants s'emparant des pays lointains, des choses,
des femmes. Les femmes y sont malheureuses. Seul un personnage plus
jeune, Félix, semble échapper au naufrage du vieux monde. Il est
soldat. D'après von Sala il appartiendrait à une nouvelle
génération: "moins d'esprit et plus de tenue". Pressentiment
du siècle à venir ?